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Amélie et Emilie sur les routes |
10 décembre 2010 : ''Turtle rescue''
Notre arrivée à Townsville a été un petit peu mouvementée. Alors que nous découvrions tranquillement le bord de mer, une forme attire notre regard dans l'eau. Marlo et sa femme deux australiens non loin de nous profitant du début de soirée avec leur petite fille furent également intrigués. Un bout de bois, un requin ?? Armées de nos caméras, zoom à fond nous reconnaissons le dessous de la carapace d'une tortue. Toutes excitées d'en apercevoir une sur le moment, très vite on se pose des questions sur sa santé. La tortue était dans l'incapacité de nager à plat et de plonger vers les fonds. Il est en effet normal pour les tortues de sortir régulièrement à la surface pour respirer mais pas d'y rester. On pouvait la voir désespérément lutter contre le courant qui la ramenait vers le rivage. A chaque fois qu'elle essayait de plonger elle remontait à la surface.
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On décide alors de trouver quelqu'un pour essayer d'aller la récupérer, Il faut savoir que les tortues en voie de disparition sont protégées. Il existe d'ailleurs sur la cote Est Australienne plusieurs hôpitaux spécialisés dans l'accueil des tortues. Dans un bar sur le front de mer, la gérante décide d'appeler les rangers. Seulement une fois appelés nous ne savons pas quand ils vont arriver et s'ils vont arriver ! Le temps passe, nous ne quittons pas la tortue des yeux. Malheureusement progressivement nous la voyons se rapprocher de la cote mais également se coincer dans un câble qui permet de maintenir le stinger net dans l'eau (filet empêchant l'entrée de méduses dans la zone de baignade). La tortue n'arrive pas à se dégager. Elle est là à une centaine de mètres et impuissants nous la voyons s'épuiser à essayer de sortir de ce piège.
Nous n'avons qu'une envie plonger, la rejoindre et la ramener sur la plage. Mais le risque de subir une piqûre de méduse et passer une journée à l'hôpital nous bloque sur le rivage. Nous commençons à parcourir la plage à la recherche d'une combinaison intégrale... Sans succès ! Nous rencontrons des anglais en vacances, tout comme nous, une fois au courant de la situation ils sont tout autant sensibilisés par l'avenir de cette pauvre tortue. Espérant qu'elle se dégage du câble ils plongent dans la zone de baignade pour se rapprocher d'elle. A quelques mètres ils l'observent mais hésitent à franchir le pas de passer de l'autre côté...
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Ils reviennent finalement sur la plage trop réticents à prendre le risque d'une piqure. La nuit tombe, mais nous refusons d'abandonner. Il apparaît urgent de plonger avant que l'on ne puisse plus la voir. Nous décidons alors de regagner la centrale des surveillants de baignade à 1 km de là. Malheureusement une fois sur place, plus personne... Nous gardons espoir en entrant dans le club des ''lifeguards'' mais non, ils n'ont soit disant aucune combinaison !! Désespérées devant le manque d'initiative et le peu d'intérêt accordé à notre demande nous revenons sur la plage. Et là, à notre grande surprise Marlo suivi des deux anglais ont décidé de plonger pour sauver la tortue. Alors que nous essayons de nous frayer un chemin entre les enfants et autres curieux venus regarder le spectacle, les garçons s'aident de chaque vague pour parvenir à amener la tortue sur le sable. La tortue est énorme et vraiment très lourde contrairement à ce que l'on pouvait penser quand on la voyait au loin.
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Les gens s'agglutinent autour de la tortue, mais aussi et surtout des enfants sans surveillance parentale. Ils s'approchent, la touchent avec des mouvements brusques sans aucun respect pour l'animal. Or la tortue épuisée, stressée par tous ces mouvements de foule à besoin de calme. Nous décidons de faire s'éloigner les enfants qui comprennent difficilement que l'on ne doit pas s'approcher comme ça des tortues ou tout autre animal sauvage d'autant plus s'ils sont malades. Marlo décide d'aller voir la police pour rapporter les faits et peut-être faire accélérer la venue des rangers. Ces derniers finissent par arriver et avec beaucoup d'autorité ils mettent en place un périmètre de sécurité autour de la tortue. Ils questionnent les sauveteurs sur le pourquoi de leur acte. En effet, c'est la saison des pontes. Il n'est dons pas rare de voir des tortues se rapprocher des plages pour y pondre leurs œufs. Il faut donc expliquer que le sauvetage n'était pas insensé mais que la tortue avait de grandes difficultés à nager. Mais les rangers ne sont que des bénévoles.
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L'un d'entre eux s'occupe de regarder l'état de santé de la tortue et ce n'est qu'après de nouveaux coups de fil qu'Alicia travaillant dans un ''wildlife park'' (elle s'occupe de préserver la vie sauvage dans les parcs) arrive sur les lieux pour aider à la suite de la prise en charge. Les bribes de discussions qui nous parviennent nous laissent entendre qu'il est difficile de trouver quelqu'un pour transporter la tortue. L'aquarium de Townsville possède un hôpital pour tortues mais un vendredi soir à 19h peu de monde disponible.
Alors qu'Alicia passe ses coups de fil, la police suivie de la télévision rejoignent la scène !!! C'est vraiment hallucinant ! Quand on pense qu'il y a moins d'une heure nous parcourions la plage en questionnant les gens à la recherche d'une combinaison ou d'aide et que personne ne pouvait rien y faire, voilà qu'en plus des rangers, des policiers et la télévision sont là !!! Quoi qu'il en soit la tortue est entre de bonnes mains. Avec beaucoup de difficulté elle est transportée par 7 ou 8 hommes jusqu'à un 4x4 qui emporte la tortue à l'hôpital de l'aquarium.
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Et voilà, mais nous on aimerait quand même bien savoir quelle sera la suite, alors nous laissons nos coordonnées à Alicia, qui très gentillement à contacter l'hopital des tortues pour leur faire part de notre démarche. Nous espérons alors vraiment pouvoir rendre une petite visite à notre copine-tortue...
Le surlendemain, nous nous rendons donc à l'Aquarium Reef HQ de Townsville où se situe l'hôpital des tortues et après leur avoir expliquer toute l'histoire, ils acceptent de nous faire rentrer dans l'aquarium (à tarif réduit s'il-vous-plait !) et une employée nous emmène dans les coulisses pour nous faire visiter l'hôpital. Et là, nous retrouvons notre copine-tortue dans un grand bac d'eau douce à peine plus grand qu'elle !
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On nous explique que l'eau douce aide à éliminer les parasites (des coquillages) incrustés sur sa carapace. Plus une tortue en a, moins elle est en bonne santé. Quand au diagnostique : il faut attendre la visite du vétérinaire (l'histoire s'étant déroulée pendant le week-end). Il fera des analyses sanguines, mais ne pourra pas la passer aux rayons X, car sa grande taille ne le permet pas. A priori, il se pourrait qu'elle est un problème aux poumons. Par exemple, ils pourraient contenir des poches de gaz qui empêcheraient l'animal de descendre vers le fond, et comme les grandes tortues possèdent de grands poumons, les quantités de gaz peuvent être importantes.
Pour le moment, nous ne savons donc pas combien de temps cela prendra pour qu'elle puisse être remise en liberté et retourner dans l'océan. En fonction des diagnostiques, les tortues séjournent ici entre 3 mois et un an. C'est très long. En effet, après quelques antibiotiques ou laxatifs, il faut attendre patiemment que le problème se résolve. Les actes de chirurgie pourraient grandement accélérer la guérison, mais ils sont extrêmement onéreux et nécessitent une convalescence de 3 ans !
Pour nous expliquer différents cas, on nous présente 2 autres tortues, beaucoup plus petites cette fois-ci. Toutes deux sont dans des bacs d'eau douce. Un tableau blanc expose leur cas, comme dans un hopital pour nous !
L'une d'elle a été sauvée d'un hameçon perdu en mer qui l'a transpercée à la gorge il y a deux mois.
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L'autre est ici depuis 6 mois. Les tortues mangent essentiellement des algues et adorent par gourmandise, se régaler de quelques méduses. Malheureusement ces dernières sont confondues avec des sacs plastiques qui envahissent les océans, pollués par des personnes insouciantes de l'environnement. C'est une véritable catastrophe, car ces sacs sont aujourd'hui plus nombreux que le plancton. Donc nos tortues mangent des sacs plastiques qu'évidemment elles ne digèrent pas. Ces derniers forment des poches d'air dans leur estomac, les font flotter et les empêchent de rejoindre le fond. Sans acte de chirurgie, il est difficile de retirer ces sacs. On a donc administré à cette tortue des laxatifs qui lentement font leur effet.
Cette visite a été très instructive et nous a permis de revoir notre tortue qui moins de 2 jours auparavant semblait vouée à une mort certaine. Nous sommes rassurées, et ne manquerons pas de prendre de ses nouvelles dans quelques temps.
Sacrée histoire !