Amélie et Emilie sur les routes

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Rencontres et découvertes culturelles et traditionnelles en Nouvelle-Zélande



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Un peu de culture maori... 
 

La nouvelle-Zélande est un pays jeune historiquement parlant. En effet, les maoris ne sont pas un peuple natif de ce pays. Contrairement au peuple aborigène d'Australie, ils sont arrivés en canoë depuis Tahiti il y a à peine 1000 ans. Quant aux européens, ils commencèrent à s'y installer au début du XIXè siècle.

On comprend ainsi que l'évolution de la culture maori dépend étroitement de la colonisation européenne. Même s'ils tentent de préserver leurs traditions, celles-ci tendent de plus en plus à se perdre notamment pour ce qui concerne l'histoire des tribus, la connaissance de la nature et des plantes médicinales.

Tout comme langue aborigène, le maori était une langue parlée. L'histoire de ce peuple vivait au travers de chants et de poèmes (waiata) ou dans les danses (haka) mais également dans l'art du carving sur les os, le bois et le corps avec les tatouages faciaux (moko) ou corporels (tamoko).
 

Le haka
La forme la plus connue du haka est celle des chants de guerre destinés à faire battre en retraite son adversaire avant même qu'il y ait eu combat. A titre d'exemple, celui réalisé par les All-Blacks racontent l'histoire d'un jeune homme chassé de son village et poursuivi pour être tué. Il trouve refuge dans une maison où une jeune femme tressait du bambou. Celle-ci choisit de le cacher sous une trappe qu'elle recouvre d'une natte avant de s'assoir dessus. Lorsque les guerriers du village viennent à sa recherche, le jeune homme se demande s'il va « vivre ou mourir, vivre ou mourir ». Les hommes ne le trouvèrent finalement pas et il sortit vivant de sa cachette.


Le Carving
Le wood carving est un élément important de la culture maori, les armes notamment ne manquent pas de ce type d'ornement. De nombreuses sculptures ornent également les « marae » (lieu de rencontre). Le bois sculpté raconte une histoire et représente en partie leurs ancêtres vénérés. Chaque tribu possèdent une manière de réaliser le wood carving qui lui est propre facilitant son identification d'une tribu à l'autre. Certains symboles comme le kouru, sorte de spirale représentant l'harmonie, la paix mais également l'eau se retrouvent souvent dans l'art du carving.
Hommes et femmes possèdent ainsi un morceau d'os ou de jade autour du cou taillé en fonction de la signification qu'ils lui ont donné.
 

Moko et Ta Moko
Tout comme le wood ou le bone carving, les tatouages maoris sont centraux dans leur culture. Si aujourd'hui le moko (tatouage facial) se perd notamment pour des raisons d'intégration sociale, il était autrefois un signe de prestige et un moyen d'identifier les chefs de tribus. Le tamoko (tatouage du corps) reste en revanche une pratique courante. Si la version intégrale au-dessous de la ceinture distingue une fois de plus les grandes personnalités au sein des tribus, les tamoko sur les bras ou dans le dos sont très répandus. Chaque tatouage raconte à lui seul l'histoire de vie et de famille de celui qui le porte. Par ailleurs, chaque partie du corps possède une symbolique particulière et se différencie en fonction de si l'on est un homme ou une femme.
 

Dans les villages maoris, deux édifices imposants sont caractéristiques : les marae et les églises.

Le marae, évoqué précédemment avec l'utilisation du wood carving, est un lieu de rencontre pour les membres de la tribu mais également un lieu de célébration. Par exemple, pour les funérailles, en fonction de l'importance de la personne décédée, le corps peut resté disposé plusieurs jours au centre du marae. C'est en ce lieu que les maoris rendent visite à la famille du défunt. Quant à cette dernière, elle dort dans le marae jusqu'à la mise en terre du corps.
En fonction des tribus, il y a également des différences dans la place des femmes au sein du marae ainsi que leur droit de leur prise de parole.
 

L'église est en revanche arrivée avec la colonisation européenne. Les maoris tout comme les aborigènes d'Australie, croient au dieu de la nature, de l'environnement dans lequel ils vivent : Tamgaroa, le dieu de la mer ; 
Tanemahuta, le dieu de la forêt ; Tawharimatea, le dieu de vent ; Tumatauenga, le dieu de la guerre.
Le nouvel an pour eux arrive avec la constellation Matariki qui apparaît fin Mars-début Juin. Plus celle-ci sera brillante et visible, plus leur année sera chaude et féconde.
 

Malheureusement, les européens, effrayés par ce type de croyances, ont férocement imposer leur conviction religieuse allant jusqu'à tuer ceux qui ne se convertissaient pas au christianisme. C'est ainsi que l'on trouve dans les villages maoris des églises catholiques ou anglicanes, symboles de leur soumission aux forces européennes, mais également dans les marae de l'art dont la signification échappe aux européens ce qui préserve leurs traditions culturelles à l'insu des colons.

Le salut maori est également un moment important et particulier. Hommes et femmes se serrent la main, posent leur main sur l'épaule de l'un et de l'autre, posent l'arrête de leur nez l'une contre l'autre, ferment ou laissent leur yeux ouvert en fonction des tribus, respirent profondément afin de ressentir l'état d'âme de l'autre puis se libèrent.
 

   

Quelques mots en maori :
 

Kia Ora = Bonjour
E haere ra = Aurevoir
Tai = mer
Whenua = terre
Kainga = village
Kai- = manger
Rakau = arbre, forêt
wahine = femme
tane = homme

waka = pirogue
kiwi = les fameux kiwis !
kuri = chien
manu = oiseau
ika = poisson, mais aussi un guerrier blessé...
koura = écrevisse, langouste
kino = mauvais
tapu = sacré, interdit
rangi = ciel
Whare = maison

Le 6 février 2011 : Anniversaire du Waitangi day

Notre passage dans la « Bay of Island », le jour du « Waitangi day » nous a permis d'apprécier davantage les performances culturelles maories dans une page de leur histoire.

Le traité de Waitangi est un arrangement réalisé en 1840 entre les chefs de tribus maories et la reine Victoria d'Angleterre. Pendant plusieurs jours de débats, ce texte écrit en langue maorie et anglaise a été signé le 6 février 1840 afin de pacifier les relations entre les deux peuples.

Aujourd'hui le traité est reconnu comme un élément clé de la fondation de la Nouvelle-Zélande. Waitangi est ainsi devenu le lieu de naissance de la nation néo-zélandaise. Ainsi, en ce jour, les européens résidant en Nouvelle-Zélande et les 7 tribus majeurs du territoire se réunissent en ces lieux afin de commémorer le jour de leur unification.

D'un côté les parlementaires, ministres et autres membres du gouvernement, de l'autre, des guerriers maoris en formation de haka. Au cœur d'une haie de guerriers, les maoris se rapprochent des membres du gouvernement en signe de défiance. Un guerrier se détache du haka et s'exécute en démonstration de maniement d'arme à quelques mètres des ministres. Finalement, ces derniers s'avancent, les maoris reculent, guidés par le chant d'une wahine jusqu'à conduire maoris et membres du gouvernement au cœur du marae.
 

Sur la plage, on assiste à une démonstration de waka : utilisation des pirogues de combat. Sur un son de flute, chants et poèmes (waiata) sont entonnés par les chefs des tribus, invitant les guerrier à prendre la mer sur leur waka. Toutes les tribus sont représentées, dirigées par leur chef. Rythme et férocité sont les maître-mots de leur navigation.
 


De retour sur la plage, un haka rassemblant toutes les tribus achèvent cette performance qui ne nous laisse pas sans frissons. A tout âge, le coeur et la rage sont là, laissant des marques rouges sous l'impact des mains frappant leurs cuisses et leur poitrine, chaque choc rythmant le haka.

 




 

Au cours de la journée, nous avons également essayé le fameux Hangi : cuisson de la viande et des légumes à la vapeur d'eau en disposant les aliments placés au cœur d'une feuille de bananier sur des pierres chaudes enfouies dans la terre. Malheureusement ce hangi n'était pas si traditionnel, les feuilles de bananier ayant été remplacées par de l'aluminium ! Vive le progrès !

 

05-02-2011 : Notre rencontre avec Jim, Charlotte et le « bone carving » : une expérience inoubliable


Tout d'abord petite définition : le bone carving est un art consistant à tailler, sculpter un os animal pour fabriquer le plus souvent un pendentif ayant une signification importante selon ses formes et ses courbes pour celui ou celle qui le porte.
Un grand nombre de néo-zélandais et surtout de maoris en possède un. Il peut également être en jade (de couleur verte) ou, plus rare, en os de baleine. L'os de boeuf est utilisé car il est moins onéreux mais est solide et facile à travailler.

Nous avons traversé différentes villes où au lieu d'acheter un collier tout fait, le plus souvent produit en série et provenant de Chine, nous pouvions réaliser le nôtre en choisissant un modèle possédant une signification qui pouvait nous correspondre ou nous plaire. L'expérience nous tentait bien, mais le choix du design était limité (le plus souvent assez simple pour qu'il soit facile à reproduire en 2 ou 3 heures) et nous trouvions cela un peu cher.

Mais sur notre route, nous avons fait la connaissance de Cloé et Loïc, voyageurs français partis à la conquête de la Nouvelle-Zélande pour un an, et ils nous ont fait part de leur rencontre avec un couple de maoris : Charlotte et Jim, professeur de bone carving. Leur histoire nous ayant convaincu, nous prenons la route dès le lendemain, direction Omapere. Et là, nous avons vécu 24h qui resteront longtemps dans nos coeurs.

 

Pour aller chez eux, nulle pancarte. Nous trouvons une petite maison avec vue sur la mer de Tasman. Charlotte vient nous accueillir et nous invite spontanément à entrer chez elle. Elle nous présente Jim et nous met à l'aise dans ses canapés très moelleux. Jim nous dit qu'il est un peu tard pour commencer le bone carving, mais le charmant couple nous explique très clairement que leurs douche, toilettes et cuisine sont à notre disposition pour la soirée et que nous pouvons même dormir là. Ils nous expliquent que leur porte est toujours ouverte et que la notion de partage est omniprésente chez eux. Ces habitudes sont très différentes de celles que nous connaissons en France. C'est donc l'air timide et gêné que nous acceptons (nous dormirons quand même dans notre van garé devant chez eux). Pour créer un échange nous leur montrons les petits montages vidéos que nous avons faits en France afin de leur présenter un peu notre pays, et Emilie leur a cuisiné un poulet coco curry. Les deux propositions ont été très appréciées !


Tout au long de la soirée, nous leur posons des questions sur eux et leur culture et nous écoutons avec attention. Enfin nous parvenons à en apprendre un peu plus sur cette culture dont nous ne connaissons pratiquement que le « Haka » réalisé par les joueurs de rugby des All Blacks avant le match ! Nous discutons sur leur balcon face au coucher du soleil tout en esquissant sur le cahiers quelques ébauches qui aboutiront deux heures plus tard au motif de notre futur pendentif. Jim nous explique que pour lui il est important de dessiner son propre modèle car il sera unique et nous pouvons lui attribuer une signification personnelle.


 Il nous raconte comment il est devenu « bone carveur » il y a 18 ans. En observant les pendentifs des gens autour de lui, ces motifs, ces courbes, il se disait être incapable de réaliser quelque chose comme ça et cela l'énervait. Un jour, un ami lui offrit un bout d'os, agacé de voir Jim si pessimiste. Ce dernier refusa d'y toucher pendant un certain temps, puis il se décida, un jour, muni de trois outils rudimentaires (un burin, un cutter et une lime). Sans expérience, il commença ce qu'il ne s'arrêta pas de faire depuis 18 ans. Ses pièces sont vraiment magnifiques. Chacune différente, avec des courbes harmonieuses et des finitions vraiment soignées. On se dit qu'on a du boulot !

 

Aujourd'hui, l'enseignement de cet art est devenu son gagne-pain. Pour la petite anecdote, il ne se voyait pas du tout l'enseigner. Un jour, trois touristes allemands sont venus frapper à sa porte pour lui demander de leur apprendre. Trop timide et modeste pour cela, Jim refusa. Mais ces derniers s'obstinèrent 4 jours durant et il céda. Aujourd'hui, Jim a vu défiler des milliers d'élèves chez lui durant quelques heures, tous repartis avec leur création unique et possédant une valeur sentimentale.


Sacré Jim ! C'est un très bon professeur. Patient, motivant, il nous explique le lendemain matin les différentes étapes et nous commençons le travail. Notre dessin sur papier, nous devons dans un premier temps le reproduire sur un morceaux d'os choisi par Jim en fonction de sa forme et de notre croquis. Puis perceuse en main, il nous montre comment nous entrainer à creuser l'os jusqu'à le trouer en suivant des lignes et des courbes. Et quand on s'y met pour de bon, le coeur s'emballe, nous n'avons plus le droit à l'erreur ! Cette étape nous a pris environ 1h30. Ouf, pleine de crampes aux doigts, nous sommes parvenues à tailler sans erreur la forme principale.

Maintenant nous arrondissons les angles, affinons les courbes, puis nous donnons un peu de relief. Cela nous demande également 1h30 de travail et de concentration !

 

Pause déjeuner, Charlotte nous a préparé un bon repas que nous partageons avec eux avant de nous remettre en selle. Nous creusons les détails, ponçons, reponçons. Jim décèle chaque imperfection et nous aide à corriger les défauts. Cette étape est fastidieuse et nous prend encore 2 bonnes heures. Mais à la fin, nous sommes récompensées, ultime étape pour faire briller notre pendentif : lustrer l'os avec un chiffon et voilà ! La lumière se reflète dans notre création, nous sommes fières du travail accompli et cela nous a vraiment plu. Jim et Charlotte nous félicitent, nous sommes aux anges !

 

   

Pour finir la journée, nous poursuivons nos discussions sur leur culture. Un peu plus haut sur cette page, nous tentons de vous expliquer quelques significations. Nous espérons avoir compris le plus justement possible.


En résumé, Charlotte et Jim nous ont ouvert en grand la porte de leur maison et nous ont appris beaucoup de choses, autant culturelles qu'artistiques. Ils nous ont touchées par leur générosité. Et Jim, malgré sa timidité et sa modestie nous a bien fait rire. Ces moments sont inoubliables. Merci à vous deux.





 

 
 



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