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Amélie et Emilie sur les routes |
Le Red Center
14 et 15-11-2010 : le Parc National d'Uluru-Kata Tjuta
Avec seulement 15mm de pluie, le volume d'eau des ruisseaux (même mineurs) peut être 12 à 40 fois plus important que dans les plaines du désert environnant.
Ce parc revêt une profonde signification culturelle pour ses propriétaires ancestraux, les Aborigènes Pitjantjatjara et Yankuntjatjara, qui se désignent eux-même par le nom d'Anangus. Ils sont les propriétaires officiels du parc.
Les explorateurs européens (« Piranpa ») sont venus pour la première fois dans cette région dans les années 1870. Ils ont été suivis par des chasseurs de dingos (les chiens sauvages) et des chercheurs d'or. Quand le parcage du bétail a commencé, leurs trous d'eau et leurs terrains de chasse ont été endommagés. Ils sont rentrés en conflit avec les nouveaux colons qui ont instauré des patrouilles de police. Depuis le parc est administré conjointement.
Lors de notre visite au centre culturel, nous avons tenté de comprendre un peu la culture aborigène. Cette entrée en matière fut très intéressante, mais nous nous sommes surtout rendues compte de sa complexité. Elle est très vaste, très riche et unique au monde. Nous tenterons de vous en apprendre un peu, mais nous serons loin d'être complète (sans doute faut-il une vie entière pour en comprendre réellement le sens) et nous espérons ne pas faire trop d'erreurs.
AYERS ROCK
Ce gros rocher mesure 3,6 km de long et s'élève à 348m. |
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Le premier soir, nous avons assisté au coucher de soleil (à 19h06) avec tous les changements de couleurs. La roche d'un ton ocre devient orange éclatant, puis plus rouge, pour s'assombrir au fil des minutes et devenir noir. Pour assister au spectacle, on s'est mises à l'aise !
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Le lendemain matin, nous sommes allées voir le lever du soleil (à 5h51). Le ciel est devenu fluorescent. Le soleil a illuminé le rocher quelques minutes avant que les nuages fassent leur apparition.
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Ces deux moments furent vraiment magiques.
Puis nous avons fait le tour du rocher. C'est un sentier plat de 10km.
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Tout autour sont situés de nombreux sites sacrés. Leur accès est interdit. On n'a même pas le droit de les prendre en photo. De plus, on en connaît très peu sur leur signification spirituelle car l'accès à ces connaissances est règlementée par le droit anangu et très restrictif.
Ces sites sacrés sont des endroits où seuls certains hommes et/ou femmes anangus peuvent pénétrer. Ces lieux ont un pouvoir spécial. D'après les Anangus il est non seulement dangereux mais sacrilège pour les hommes d'entrer ou de regarder avec une vive attention des sites sacrés réservés aux femmes et vice versa.
Comme nous ne pouvons pas vous montrer de photo, sachez que souvent ces sites correspondent à de gros éboulements qui ont du avoir lieu il y a très longtemps. Nous voyons d'énormes blocs de roche empilés ou disséminés à certains endroits à la base du rocher.
En revanche, nous pouvons vous montrer quelques exemples de faunes et de flore vivant le long du sentier.
Cet arbre vert aux fleurs jaunes ressemblent au mimosa (sauf que les boules sont plus allongées). Il s'appelle Watarka (ou Umbrella Bush). Les Anangus creusent à leur pied pour trouver enfoui dans leurs racines le Maku (ou Witchetty grub) : une grosse larve blanche qu'ils mangent ! | ![]() |
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Crested pigeon : un pigeon à crête noire. |
Pied Butcherbird : un oiseau noir et blanc. D'ailleurs il nous a rendu un grand service en mangeant une grosse (enfin ici c'est moyenne) araignée qui escaladait notre van ! Merci ! |
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Kaliny-Kalinypa : un arbuste qui pousse dans le sable et dont les fleurs jaunes produisent un nectar. Les femmes aborigènes vont de fleur en fleur pour suer le nectar sans couper la fleur. Parfois elles le mélangent avec de l'eau pour en faire une boisson sucrée. Sans guide, nous n'avons pas oser goûter ! |
Tjala : fourmis à miel. Après la pluie, ils creusent la terre pour les trouver et sucent leur abdomen rempli de miel. | ![]() |
LA TJURKUPA : la base de la culture Anangue.
Elle fournit les règles du comportement et de la façon de vivre ensemble. C'est la Loi qui dicte la manière prendre soin les uns des autres, ainsi que de la terre, support de l'existence de chacun.
Tjurkupa représente les liens entre les personnes, les plantes, les animaux et les caractéristiques physiques de la terre. Tjurkupa explique comment ces relations sont nées, ce qu'elles veulent dire et comment elles doivent être maintenues. Elle est la loi traditionnelle qui explique l'existence et qui guide la vie de tous les jours. Elle répond à des questions importantes, telles que la création du monde et comment les hommes et tous les êtres vivants s'intègrent dans le tableau général de la vie.
Leur vie entière est régie par la Tjurkupa, leur système social, religieux, juridique et moral.
Autrefois la terre n'avait ni forme, ni caractéristique. Des êtres ancestraux sont alors apparus dans ce vide et tout en voyageant ont créé toutes les espèces vivantes et les caractéristiques du paysage désertique telles que nous le connaissons aujourd'hui.
Les Anangus sont les descendants directs de ces êtres et sont responsables de la protection de ces terres ancestrales. Depuis ce temps-là, les mœurs et les voyages de ces ancêtres sont enseignés au travers d'histoires, de chansons, de danses et de cérémonies. La connaissance de la façon dont il faut protéger la terre, les animaux, les plantes et les hommes a été transmise de génération en génération sous la forme de Tjurkupa, la Loi Anangue.
Les Anangus apprennent sur Tjurkupa au cours de la leur durant des stages qui progressivement amènent de plus en plus de connaissances.
Les grands-parents sont traités avec un grand respect par rapport à leurs connaissances de Tjurkupa.Ils ont la responsabilité de le transmettre. C'est ainsi que leur culture reste en vie.
Quand les garçons grandissent, ils partent avec leur père, leur grand-père, leurs oncles et leurs frères aînés pour apprendre les compétences et les connaissances dont ils ont besoin pour devenir des hommes. Les anciens leur apprennent les techniques de la chasse et le Tjurkupa des hommes. Ils voyagent à travers le pays et apprenent à trouver de l'eau, à chasser le kangourou, l'emu, le goanna et comment reconnaître leurs traces. Ils apprennent également à fabriquer et à se servir des outils et des armes.
De la même manière, les filles accompagnent leur mère, leur grand-mère, leurs tantes et leurs sœurs aînées pour apprendre à cueillir et à ramasser la nourriture de la brousse. Les femmes plus âgées leur apprennent le Tjurkupa des femmes, comment chasser et préparer la nourriture et les remèdes. Elles apprennent où trouver les lapins, le woma python et autres viandes, de la nourriture comme le miel ou les fruits. On leur enseigne aussi le cycle des saisons, les habitats des animaux, où trouver les plantes et comment les utiliser pour la médecine. On leur apprend également à avoir les comportements appropriés pour se marier et à faire les bons choix.
Quelques exemples d'histoires ou de croyances anangues :
A chaque fois que l'on fait le tour du point d'eau de Mutitjulu, nous sommes entourés par la présence de deux créatures ancestrales : Kuniya : la woma-python, et Liru : le serpent vénimeux.
Le versant occidental de la marche autour d'Uluru (Ayers Rock) rappelle Lungkata, un lézard à la langue bleue, glouton et malhonnête.
Les Mala : wallabies-lièvres roux sont venus à Uluru du nord et de l'ouest. Ils étaient venus assister à d'importantes cérémonies d'hommes.
On comprend ainsi que toutes choses existantes, humaines, animales, végétales ont une âme et existent en temps qu'être vivant, même les rochers ou le moindre petit caillou. Les animaux cités précédemment sont leurs ancêtres. Cela nous aide à comprendre qu'un animal puisse se rendre à un endroit pour assister à une cérémonie !
KATA TJUTA
Kata Tjuta est un mot Pitjantjatjara qui signifie « plusieurs têtes ». Ce regroupement de rochers arrondis forme de petites vallées et gorges. Le plus haut rocher (546m) s'appelle leMont Olga.
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Ce lieu est également sacré pour les Anangus, peut-être même encore plus qu'Uluru. Les activités rituelles et leur connaissance sont réservées exclusivement aux initiés. Pour cette raison, aucune information, cérémonie ou danse associées à Kata Tjuta ne sont dévoilées au public. Elles sont si secrètes que l'on n'en connaît même pas le nom. Plusieurs zones ne peuvent pas être prises en photo.
En repartant du parc, des orages ont eclates partout autour de nous. C'etait impressionnant d'autant plus que nous avons dormi sur une aire de repos autorisee, c'est-a-dire au bord de la route au milieu de nulle part, car ici les routes sont looooongues ! Et nous avons eu le temps d'experimenter les photos d'eclairs, la preuve en image :
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Pas mal hein !
14-11-2010 : Watarrka National Park, Kings Canyon
Il faut imaginer les Gorges Gill Range (où se trouve le kings canyon) comme une île au milieu d'une mer de sable. Quand il pleut, l'eau de pluie et les nutriments de nombreuses substances nutritives lavent les pentes et s'accumulent dans des crevasses rocheuses où elles forment des sortes de réserves alors qu'autour le paysage redevient très vite désertique.
Beaucoup d'animaux sont ainsi naturellement attirés pour vivre dans ce type d'endroit. Certains y vivent de manière permanente dans ou à proximité de cette zone ce qui en fait une zone riche en observations de la faune de la flore mais également géologique.
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Côté faune nous avons pu identifier trois nouveaux oiseaux:
Honeyeaters Blanc-plumed |
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Le Nyii-nyii ou zebra finch |
Le Spinifex, sorte de pigeon punk à crête beige |
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Et nous avons recroisé les Western Ringneck ou en aborigène Kiilykiilykari |
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Le Kings Canyon se situe aux frontières de plusieurs régions, ce qui en fait un espace d'autant plus riche en terme de flore. Par exemple :
Les Mac Donnell Range Cycad (Macrozamia macdonnellii) sont des plantes uniques dans le centre de l'Australie | ![]() |
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Le Desert Grass Tree (Xanthorrthoea thorntonii) est une plante caractéristique des déserts de l'ouest |
Kalpir-kalpirpa ou Sturt's desert rose |
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Un peu de géologie :
A l'origine, le canyon était une simple faille qui s'est progressivement transformée |
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La formation rocheuse était à l'origine une ancienne dune de sable. Du haut du canyon, les dômes que l'on aperçoit, semblables à d'immenses ruches sont un exemple de couches transversales de sable stratifié. Ils sont la preuve que les Mereenies Sandstones étaient à l'origine des dunes de sable.
L'Australie centrale était une plaine battue par les vents, couverte de dunes de sable. Une quantité énorme de sable s'est accumulée. La région s'est progressivement affaissée sous tout le poids en compressant et rendant compactes les différentes couches de sable. Par ailleurs des inondations d'eau riche en silice ont favorisé la cristallisation des grains de sable.
Les traces de sables sont également visibles dans la roche friable qui s'émiette et se transforme à nouveau en sable blanc très fin.
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Ces marques d'ondulation sont la preuve de la présence de lacs peu profonds à Watarrka. Le climat était sec mais les fleuves coulaient en permanence et des lacs parsemaient le paysage. |
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Les différentes couleurs de la falaise racontent également une histoire : Les parties brisées de la roche montrent que la coloration brun-rouge n'est qu'une couche très fine. Au-dessous on trouve directement une roche jaune pâle qui correspond au sable compacté de l'ancienne dune. Les bandes verticales de couleur rouille sombre sont de l'eau de pluie filtrée en bas de la falaise et qui s'évapore en colorant la roche. Les parties de la roche vertes et noires sont des traces d'algues ornant la falaise et ajoutant ainsi de nouveaux dégradés de couleurs au patchwork déjà conséquent. |
12-11-2010 Les East MacDonnell Ranges
Les MacDonnell orientales s'étalent sur 100km à l'Est d'Alice Springs. Nous avons parcouru au coucher de soleil la partie goudronnée de la Ross Hwy jusqu'à la Trephina Gorge où nous avons passé la nuit. Tout au long de la route le spectacle était grandiose. Nous qui pensions atterrir dans le désert nous voilà entourées d'une végétation verdoyante contrastant fortement avec le ciel bleu et la terre sablonneuse d'un rouge ocre intense. Après notre première nuit dans le van au milieu de nulle part, nous somme allees faire une petite balade dans la gorge. Le sable et les bassins d'eau viennent ajouter une nouvelle teinte à la palette de couleur déjà resplendissante. Ici la faune et la flore abondent et en font un environnement riche en découvertes. Nous partons ainsi dans la gorge où il faut parfois se mouiller les pieds pour suivre le sentier (n'est-ce pas Amélie !).
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La gorge est riche en red Gums ou Eucalyptus camaldulensis. Ils fleurissent en novembre et des « gums » noix se développent. Une grande quantité de pépins germeront après les pluies d'été mais seulement une poignée survivront jusqu'à l'âge adulte car beaucoup seront emportés par les inondations fréquentes à cette saison. Autre arbre un peu moins fréquent, le Gost Gum (Corymbia papuana) qui se trouve dans les régions tropicales et arides du Nord de l'Australie et en Nouvelle Guinée. Le spécimen ci-contre doit mesurer dans les 30m, c'est le plus grand connu dans les East MacDonnell Ranges et son âge est estimé à 300 ans.
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Côté flore, de nombreuses plantes et arbres ont parsemé notre chemin, si vous les reconnaissez n'hésitez à nous faire part de leurs spécificités.
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Côté faune nous n'avons pas été déçues !
Les Western Ringneck (Barnardius zonarius) sont des bruyants petits perroquets qui vivent sur les eucalyptus au bord de la rivière. A la saison des amours ces petits perroquets se mettent en couple et d'arbre en arbre partent à la recherche d'un endroit sûr afin de construire leur nid. Jusqu'à ce que les petits volent de leurs propres ailes le couple d'oiseaux défend violemment son territoire. |
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Les fourmis sont également très actives en Australie. Il faut faire attention où l'on met ses pieds et surtout ne pas les laisser trop longtemps sur place si on ne veut pas se faire dévorer comme ces petits oiseaux tombés du nid !! |
Sur la route nous avons également rencontré un Perentie (Varanus giganteus). C'est le second lézard le plus grand du monde, il peut dépasser les 2,5m de long. Leur peau noire est mouchetée de taches plus claires tirant sur les jaunes. |
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Sur le chemin du retour nous nous sommes arrêtées au Corrboree Rock (Antanangantana) un affleurement rocheux qui serait le résultat de l'érosion d'un rocher qui aurait approximativement 800 millions d'années. La formation de cette roche est le résultat d'une succession de couches de vase due a la presence d'une eau de mer salée peu profonde dans laquelle des algues ont grandi. Au cours des millions d'années la vase a été compressée formant ce type de couches de roche. Ces couches ont été inclinées verticalement par le biais d'innondations successives. |
Notre dernier arrêt avant Alice Spring a eu lieu à Emily Gap. Il s'agit d'une gorge étroite dans laquelle nous avons pu apercevoir des peintures rupestres aborigènes. Elle représentent des chenilles (Yeperenye, Ntyarlke et Utnerrengatye) et auraient une grande signification pour les Aborigènes « Arrente ».
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